7 aprile 2015, camerun Rapporto CARITAS diocesi di Maroua Mokolo

da don Alessandro Alberti –

 

CARITAS MAROUA-MOKOLO                       Maroua, le 7 avril  2015
Diocèse de Maroua-Mokolo
B.P : 49  Maroua

Rapport d’étapes  du projet d’assistance aux réfugiés Nigérians et déplacés Camerounais dans le diocèse de Maroua-Mokolo
“La Caritas est au service des plus pauvres”

Maroua, le 7 avril 2015

Introduction et contexte :
Situé dans l’Extrême-Nord du Cameroun (entre le 10° et 12° latitude Nord et le 13° et 15° longitude Est), le Diocèse de Maroua-Mokolo est frontalier à l’Ouest à la République Fédérale du Nigéria. Il s’étend sur une superficie de 12 000 km2 avec une population d’environ 2 000 000 habitants (en 2012) et une densité moyenne de 166 habitants/km2 selon le rapport du recensement général de la population. Les religions les plus pratiquées sont les religions traditionnelles (60%), la religion musulmane et la religion chrétienne. Plus de 45 groupes ethniques qui cohabitent pacifiquement.

Cependant, la situation a fortement évoluée depuis le début du projet. La région de l’Extrême-Nord toute entière est plongée dans l’insécurité. De nombreux Camerounais se trouvent dans l’obligation de fuir leur villages, suite aux multiples attaques du groupe islamiste Boko Haram.

Cependant, depuis plus de 2 ans, des populations du Nord-Est du Nigéria fuillant les combattants de la Secte islamiste Boko Haram se sont réfugiés au Cameroun dans la Région de l’Extrême-Nord Cameroun.
Jusqu’à fin janvier 2015, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a pris en charge et installé dans le camp des réfugiés ouvert à MINAWAO dans le département du Mayo-Tsanaga, 33 185 réfugiés nigérians. De nombreuses organisations nationales et internationales se sont mobilisées pour apporter leur assistance selon leur spécialité et agendas aux réfugiés nigérians.  Il s’est agit essentiellement des :
–    Agences des nations Unies : UNHCR, PAM, OMS, UNFPA, UNICEF, ONU-Femmes,
–    Agences d’aides : La Croix Rouge Camerounaise, CICR, La Croix Rouge Française, IEDA Relief, MSF-Suisse, Care International, IMC, OIM, Plan International,
–    organisations nationales qui interviennent en tant que prestataire de service pour le compte des agences des nations unies. Il s’agit en l’occurrence de Public-concern, ACDEV, ALDEPA, ALVF, ACEEN, Croix Rouge Camerounaise, GIC SAADEP, Plan Cameroun.

A) – Situation des déplacés et des retournés :
Cependant, depuis le début de l’année 2014, des raids meurtriers des membres de la secte islamiste Boko-Haram dans les villages frontaliers de l’Extrême-Nord (Tourou, Zhélévet, Ashigashia, Kolofata, Amchidé, Dabanaga, Fotokol, Makary, etc.) ont contraint plusieurs familles camerounaises à abandonner leurs maisons. Plusieurs villages Baljouwel, Hodogo, Goldavi, ont été entièrement rasés par les éléments de la secte islamiste Boko Haram.
Suite à une évaluation récente réalisée par la Caritas diocésaine avec l’appui des Caritas paroissiales,  la situation des personnes déplacées se chiffres à plus de 54 000, dont : Mayo Sava (25 233) et Mayo Tsanaga (29 069).

Département     Arrondissement    Paroisse     Population déplacées

Mayo-Sava              Mora          Mora               16.279
Aïssa-Hardé          1.027
Kourgui                 1.415
Mémé                   4.167
Gudjimdélé          1.325
Tokombéré   Tokombéré          150
Mayo-Plata             170
Kolofata      Kolofata                700
Mayo-Tsanaga        Mokolo        Mokolo-Tada   760
Ldubam-Tourou  8.550
Zamay                    384
Mokong                 142
Koza           Koza                   4.650
Mayo-Moskota    Nguetchéwé   5.435
Ouzal                    2.500
Zhélévet              3.500
Mogodé         Mogodé             466
Sir                          173
Rhumzu                989
Bourha          Bourha               750
Guili                       472
Soulédé-Roua      Roua                  298
Diamaré        Non encore dénombré
TOTAL           54.302

B) – Les besoins des réfugiés, déplacés et des victimes des attaques de la secte Boko Haram
La majorité de ces personnes se trouvent en situation d’insécurité alimentaire. Les besoins d’urgences exprimés sont :
–    Nourriture (mil, maïs)
–    accès aux soins de santé
–    eau potable par la réalisation des points d’eau (puits, forages)
–    espaces pour l’habitation et l’agriculture
–    scolarisation des enfants
–    abris pour ceux qui sont actuellement sous les arbres
–    vêtement, matériels de couchages
–    papiers officiels: CNI, Acte de naissance, Acte de mariage, etc.
–    accès aux formations professionnelles ;
–    Activités Génératrices de Revenu pour améliorer leur autonomie.
Avec l’objectif de soulager les souffrances des réfugiés Niégrians, des déplacés et retournés camerounais, la Caritas a conduit un certain nombre d’action dans cette situation d’urgence.

C) – Nos réalisations jusqu’au mois de mars 2015:

1)    Accueil, réconfort et protection
De manière tout a fait spontanée, la plupart des réfugiés qui arrivent en territoire camerounais s’installent sur les sites de l’Eglise (Ecole, chapelle, Centre de santé).
Les paroisses frontalières (Kolofata, Aissa-Hardé, Amchidé, Kourgui, Mora, Makoulahé, Gudjimdélé, Tokombéré, Nguetchéwé, Zhéléved, Mutskar, Ouzal, Koza, Djingliya, Ldubam-Tourou, Mokolo-Tada, Mboua, Rhumzou, Mogoddé, Guili et Bourha) constituent les portes d’entrée et les locaux de l’Eglise constituent les principaux sites des réfugiés Nigérians. Ils occupent chapelles, écoles, salles paroissiales, Centres de santé, etc. L’Eglise est accueillante.
Nos actions ont été :
– L’Accueil des réfugiés : L’Eglise s’est rendu accueillante auprès de réfugiés. Les structures ont été mis à leurs dispositions tout le temps nécessaire. Les communautés chrétiennes locales se sont mobilisées pour leur offrir repas, eau, bois de chauffe, etc.
– L’alerte en vue de la prise en charge : Toutes les fois qu’il y a une présence des réfugiés dans les paroisses, nous avons alerté le HCR en vue de leur prise en charge appropriée. Un dispositif de communication mis en place entre les villages, paroisses et la coordination diocésaine de la Caritas a permis d’être réactif dans les différentes situations d’urgence.
– Les visites de réconfort : Les plus hautes autorités diocésaines se sont montrées sensibles à la situation que vivent les réfugiés, aussi bien à la frontière que dans camps des réfugiés. cette sensibilité s’est manifesté à l’occasion de leur multiples visites auprès des réfugiés à la frontière et au camp de Minawao.

2)    Prise en charge sanitaire et nutritionnelle des réfugiés :
Le Centre de santé de Zhéléved et de Guili ont joué un rôle de première importance dans l’assistance médicale aux réfugiés. Ils apportent des soins de santé gratuits aux réfugiés, prennent en charge les enfants malnutris.  Et ils font des opérations d’assainissement des sites occupés par les réfugiés.
Ainsi, 63 enfants des réfugiés victimes de malnutrition sévères ont été dépistés et pris en charges sur le plan  médical et nutritionnel et 187 réfugiés malades ont été pris en charge gratuitement par la Caritas via le Centre de santé de Zhéléved.

3)    L’aide alimentaire :
– Aux réfugiés installés au camp de Minawao :
La Caritas diocésaine a fourni une assistance aux réfugiés par le biais du UNHCR. Il s’agit de :
–    270 sacs de 100 kg de sorgho (céréale habituellement consommé par les populations de Nord-est du Nigéria,
–    10 sacs de haricot,
–    50 canaris pour conserver l’eau,
–    30 sacs de soja pour améliorer l’alimentation des enfants
–    Noël avec les réfugiés aux Camps : Après la Messe de Noël célébrée le 21 décembre 2014 pour les réfugiés du Camps de Minawo à Gadala par l’Evêque de Maroua-Mokolo, Mgr Bruno Ateba Edo, un don de nourriture a permis d’agrément Noël dans les familles des réfugiés.

Livraison de céréale au camp de Minawao
– Aux déplacés et retournés camerounais :
Longtemps oubliés, la Caritas a apporté une assistance alimentaire aux population déplacées et retournées : 3 000 sacs de céréales ont été distribués à 20980 personnes  dans 26 paroisses.

4)    L’assainissement :
Il s’agit ici des opérations d’assainissement à Zhéléved et à Bourha pour les réfugiés qui se trouvaient à l’école et à la chapelle. La promiscuité, le nombre insuffisant des toilettes en ce début des saisons des pluies peuvent occasionner des problèmes de santé, notamment le choléra. Il s’est agit de traiter régulièrement l’eau de boisson, désinfecter les latrines existantes, etc. avec l’aide du centre de santé de zhéléved.

5)    Aides scolaires :
De nombreux enfants déplacés avec leur parents ont suspendu l’école. A la rentrée scolaire de septembre 2014, 173 écoles primaires et secondaires n’ont pu ouvrir les portes à cause de l’insécurité dans la région de l’Extrême-Nord. Selon les autorités, le taux de scolarisation est passé de 75 à 53% dans les départements du Mayo-Tsanaga, Mayo-Sava et le Logone et Chari. Nous avons appuyé l’inscription et les frais de dossier aux examens officiels de quelques élèves dans les paroisses de Mora, Kourgui, Mokolo-Mboua, Kolofata, Aïssa-Hardé, Koza, Rhumzu, et Mogodé.

6)    Point d’eau :
L’accès à l’eau potable se pose avec accuité dans le camp de réfugiés de Minawao. Le ratio était de 6 litres d’eau par jour et par personne dans le camps, alors que le standard est de 15 litres. Un forage a été réalisé à Kovohom (face du camp de Minawao) et reste accessible aussi bien au réfugiés qu’à la population hôte de Gadala.

7)    Pièces officielles
Suite aux attaques des villages par les éléments de la secte islamiste Boko-haram, plusieurs milliers de personnes ont perdu leurs pièces officielles dans l’incendie (Carte nationale d’identité, actes de naissances, acte de mariage, etc.).
En accord avec les autorités, des initiatives sont prises à Koza et Ldubam-Tourou pour appuyer l’établissement des actes de naissances des enfants et la carte nationale d’identité.

D) – Dispositif de gestion des fonds d’urgence
La coordination de l’intervention de la Caritas diocésaine est assurée par une équipe essentiellement bénévole. Toutefois, un secrétariat est assuré par un permanent à mi-temps. ses intervention ont essentiellement porté sur :
–    l’analyse des situation d’urgence en lien avec les paroisses;
–    Appuyer la structuration des Caritas paroissiales, qui sont les lieux par excellence d’intervention;
–    mise à disposition des Caritas paroissiales, des moyens d’assistance de proximité et en assurer le suivi;
–    Participer aux rencontres de coordination de la gestion des interventions auprès des réfugiés Nigérians. Une rencontre de coordination organisée par l’UNHCR  a lieu tous les 15 jours à Maroua;
–    Apporter une assistance ponctuelle aux réfugiés installés au camp Minawao
–    assurer le relais d’information entre le diocèse et le réseau Caritas sur l’évolution de la situation d’insécurité
Etant donné que la méthodologie d’intervention retenue est basée sur la responsabilisation des Caritas paroissiales, un dispositif de gestion transparente des fonds du projet dans les paroisses a été mise en place :
–    constituer un comité de Caritas paroissiale et de zone ;
–    mettre en place des commissions d’achat et de distribution des aides dans les paroisses;
–    impliquer la communauté chrétienne dans les interventions ;
–    assurer un suivi régulier des activités de la Caritas paroissiale par la Caritas diocésaine
–    mettre en place un système et des outils de gestion convenables (les comptes, les pièces justificatives, les contrôles, le respect de la règle des 3 signatures pour les retraits à la procure) ;

Voici la liste des fonds d’urgences transférée dans les paroisses pour les interventions auprès des réfugiés Nigérians, des déplacés et des retournés camerounais :

N° Projet    Paroisse           Objet                                                                       Montant accordé

1.        Aïssa Hardé    Alimentation (mil, riz) et santé                                               825.000
2.        Amchidé        Transport des frais de transport des jeunes vers Mora         70.000
3.        Bourha         Repas, nattes, seaux                                                                  500.000
4.        Djingliya       Aides aux déplacés                                                                  1.000.000
5.        Domayo        Aide alimentaires  et sanitaires aux 11 f
amilles déplacées                                                                                             500.000
6.        Centre Emmaüs    Aide alimentaire aux  deux familles du centre Emmaüs    150.000
7.        Gudjimdélé    Aide alimentaires et scolaires                                               1 000 000
8.        Guili        Aides aux réfugiés Nigérians  et retournés                                 1.500.000
9.        Hina        Aide au déplacés                                                                            1.400.000
10.        Kolofata    Aide alimentaire et scolaires (106 familles)                              1.000.000
11.        Kourgui        Achat denrées alimentaires et scolaires                                1.500.000
12.        Koza-Nguetchewe    Aide alimentaire aux déplacés et  sinistrées
de Baljouwel,…                                                                                                 8.000.000
13.        Ldubam-Tourou    Sinistrés de Mabass et Maxi                                         1.000.000
14.        Ldubam-Tourou    Aide alimentaire aux déplacés et retournés               4.000.000
15.        Mayo-Plata    Aides alimentaires et scolaires (40 familles)                         1.000.000
16.        Mboua        Aides scolaires                                                                                 64.500
17.        Mémé        Secours aux déplacés                                                                    800.000
18.        Mogodé        Aide aux réfugiés Nigérians                                                     1.500.000
19.        Mokolo-Tada    Aides alimentaires (72 familles)                                           1.200.000
20.        Mokong        Aide aux déplacés: Mil, scolarités et CNI                                    757.500
21.        Mora        Aide scolaires et alimentaires aux réfugiés et déplacés             4.950.000
22.        Nguetchéwé     Achat vivres : Mil                                                                       750.000
23.        Rhumzu        Aide alimentaires aux déplacés et retournés                         2.000.000
24.        Roua        Aides pour les déplacés                                                                  1.200.000
25.        Sir        Aides alimentaires et scolaires                                                           1.000.000
26.        Tchéré-Tchakidjébé   Assistance aux 20 familles des déplacées
et 15 nécessiteux                                                                                                  250.000
27.        Zamay        Aide alimentaires et nattes pour les déplacés                           1.840.000
28.        Zhélévet    Aides aux réfugiés et déplacés                                                     3.400.000
TOTAL                 43.157.000

E) – Les défis pour l’avenir
Malgré toutes ces interventions coordonnées par la Caritas diocésaine, de nombreux problèmes demeurent. Les plus importants sont au nombre de 3 :
–    l’aide alimentaire : Une famille de 6 personnes (dont 4 enfants) des réfugiées ou des déplacées dans un village dans le nord Cameroun vit, en comptant la nourriture, les habits, la scolarité etc…, avec 985 frs CFA soit  1,5 euro par jour. Un sac de 100 kg de céréales coute actuellement 20 000 frs CFA (30 euros). Ce prix est susceptible d’augmenter d’ici la saison des pluies en juin-juillet-août.
–    l’accès à l’eau pour la consommation :  un point d’eau potable (forage) coûte entre 5000 et 6000 euros selon la nature des sol.
–    La création des Activités génératrices de revenu. C’est une action susceptible d’améliorer l’autonomie financière des familles des déplacés et des retournés camerounais. Une création d’une AGR coute en moyenne 100 euros.

F)     – COÛT FINANCIER DES ACTIONS
Ce rapport financier des dépenses récapitule l’utilisation des fonds reçus par la Caritas diocésaine dans le cadre de l’assistance aux réfugiés nigérians et aux déplacés camerounais leurs utilisations jusqu’au mois de mars 2015 :
DEPENSES :

Réf    DEPENSES                                                               Budget en francs CFA    Montant en Euro
I        INVESTISSEMENT = 58 202 600 francs CFA

1    Santé et prise en charge des enfants malnutris                        622.600              949
2    Assistance alimentaire aux réfugiés du Camp MINAWAO
(mil, nourriture de fête, haricot, soja, canaris d’eau,
forage)                                                                                             12.923.000         19.701
3    Assistance  aux réfugiés et déplacés dans les villages
(paroisses)                                                                                       43.157.000         65.792
4    Aide soins indigents                                                                      150 000              229
5    Assistance aux sinistrés de Bangui (RCA)                                 1.350.000          2.058

II        FRAIS DE PERSONNEL = 3 000 000 francs CFA

1    Frais de personnel permanent                                                  3.000.000          4.573

III        FRAIS FONCTIONNEMENT = 4 622 008 frs CFA

1    Transport                                                                                     2.323.850          3.543
2    Fournitures de bureau                                                                  751.000          1.145
3    Frais financier (banque et procure)                                             349.658             533
4    Réunions des suivi et de coordination                                        873.000          1.331
5    Frais accueil des 3 Evêques du Nigéria                                       324.500             495
TOTAL                  65.824.608      100.349

RECETTES :
Ce rapport financier des recettes récapitule les contributions reçues des divers partenaires par la Caritas diocésaine dans le cadre de l’assistance aux réfugiés nigérians et aux déplacés camerounais leurs utilisations jusqu’au mois de mars 2015 :

RECETTES                                                                     Montant en FCFA        Montant en Euro
–    MISEREOR                                                                         13.068.303        19.922
–    Association Maroua-promotion humaine                     13.977.776         21.309
–    Diocèse de Nanterre en France  (S:C Père Georges)   19.678.700        30.000
–    Diocèse de Como (Italie)                                                    6.539.891         9.970
–    CENC  – AGEH                                                                      8.139.144        12.408
–    Autres  : M. Mme Debauw , Mme M.L. Verba, Xavier Dufour,
Pierre Neveu, Régine Levrat, Régine Thiriez, Pierre Ibled,
Olivier Duriez, Ab. Marc Van Eenoo,
Grand séminaire Saint Augustin de Maroua                         2.084.450         3.178
TOTAL              63.488.264        96.787

Déficit de trésorerie au 31/03/2015    – 2.336.344frs CFA

Fait  à Maroua le 31 mars 2015.
La Coordination  de la Caritas diocésaine
Edouard Kaldapa
Le secrétaire permanent

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